Un voyage immersif grâce au toucher

Aussi désigné par le mot tact, le toucher fait partie des cinq sens de l’être humain.

Depuis ces débuts, l’Homme a toujours eu besoin de ses mains. Le toucher s’est avéré comme un élément essentiel à l’exploration de son milieu et à son évolution. Il sert dans n’importe qu’elle situation et lui permet de s’approprier les choses par interaction. Il va plus facilement éprouver des sensations grâce à ses mains, appréhender les formes ou les nuances d’un objet.

Même si ce sens n’est pas le premier utilisé lors d’une visite ou exposition, du fait de dégradations possibles, il reste un élément clé de l’immersion.

Voilà pourquoi de nombreuses scénographies se sont construites à partir de cette relation toucher/oeuvre permettant aux spectateurs de s’immerger dans le monde du scénographe en utilisant un certain contact avec l’oeuvre.

Analyse d’oeuvre:

Pour notre première escale, nous allons parler du groupe Scenocosme.

Constituer de deux membres: Grégory Lassere et Anaïs Met Den Ancxt, ce groupe d’artistes crée des installations à partir de capteurs invisibles qu’ils incrustent dans un élément naturel: plantes, planches de bois, eau…

Lors de sa visite le spectateur en touchant les oeuvres de l’exposition va déclencher des interactions sensorielles oniriques (sons, lumière…). Ces interactions liées au toucher de l’oeuvre, invitent à l’exploration et à l’immersion du visiteur dans ce nouveau monde qui associe Nature et technologie.

L’exposition que je vous propose de découvrir se nomme Matières sensibles.

Le support naturel utilisé dans le cadre de cette exposition est donc le bois: planches de différents formes, rondin…. Des capteurs placés dans les rainures sont reliés à des enceintes. Le visiteur va pouvoir toucher ces planches qui réagiront à son contact en émettant différents sons comme par exemple des ronronnements.

Cette réalisation associe l’art sonore, l’art interactif et l’art plastique.

 

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Scenocosme, Matière sensible 1, Saint rémy de Provence (Fr), 05/07/2013-25/08/2013
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Matière sensible 2, Ermenonville (France), 18/10/2013- 20/10/2013

Scenocosme cherche avec l’exposition Matières sensibles a rapproché l’humain et la Nature, en utilisant le matériau dans son état brut. Ainsi le toucher permet d’explorer des ensembles inhabituels, un environnement imaginaire et surprenant invitant au voyage.

On y trouve aussi un jeu entre le réel et l’invisible: les capteurs n’étant pas accessibles le visiteur va explorer l’oeuvre pour mieux le comprendre et satisfaire sa curiosité. Il se crée alors une proximité, une intimité entre lui et le matériau. Le bois n’est plus vraiment une partie de l’exposition puisqu’il devient un élément proche avec lequel on veut interagir.

Il peut y avoir 5 sons différents en fonction de la zone touchée sur la planche de bois, du fait de l’énergie électrostatique générée par le contact Homme/matériau.

Le visiteur est pris entre découverte physique et sonore: quels peuvent être les différents sons produits par ces morceaux de bois? C’est à ce jeu d’exploration que ses mains vont lui servir. Cette exposition, lui propose un retour aux sources et à des débuts expérimentaux.

Il y a donc un échange entre le corps humain et l’oeuvre. Le visiteur ne passe pas à côté de l’oeuvre mais est en connexion avec elle; il n’y a pas que la mémoire visuelle qui travaille, la mémoire sensorielle est aussi utilisée. Ce jeu de proximité rend ces installations très intuitives et immersives, amenant à réfléchir sur l’influence de l’Homme sur la matière et son environnement.

Un nouveau terme est créé grâce à cette exposition, on parle désormais de Bio hacking, désignant une connexion entre l’environnement et l’être humain.

Cette installation a reçu le prix de Human Interface Award lors du Science and Art Festival en Allemagne.

 

 

 

Pour notre seconde escale dans notre voyage dans monde du toucher, allons au Palais de la découverte à Paris pour visiter l’exposition nommée  « Très toucher » réalisée par le groupe Apex.

Dans le cadre de cette exposition, différents espaces en lien avec le toucher sont proposés. Ils ont pour objectif de découvrir en immersion:

  • les sensations que peut procurer le contact tactile avec différents supports (surfaces douces , surfaces rugueuses…)
  • et inversement les sensations éprouvées quand nous sommes nous même toucher.

Ainsi le premier sas traversé est rempli de gants en latex gonflés à l’air qui simulent de nombreuses mains inconnues qui se tendent pour toucher le visiteur à son passage. Cette voie s’annonce comme un chemin sans réel issue mis à part celle d’accepter de se faire toucher.

Cette exposition s’adresse principalement aux enfants qui sont beaucoup plus à l’aise avec l’exercice « les touche-à-tout » mais elle peut aussi être immersive pour les adultes.

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Apex, Très toucher, Palais de la découverte à Paris, 24 novembre au 13 mars 2013

 

Notre dernier arrêt pour ce voyage sera l’oeuvre de Tomas Saraceno: In orbit.

Cet artiste a réalisé sous le dôme du musée K21 à Düsseldorf, une oeuvre inspirée des toiles d’araignées et déconnectée de la terre puisque positionnée à 25 mètres de haut. Des toiles de câbles métalliques sont tendues sur trois niveaux parsemer de sphères en PVC de 8,5 mètres de diamètre.

Le visiteur peut se déplacer en équilibre précaire sur les différents niveaux, interagissant ainsi entre eux par des mouvements vibratoires.

Les visiteurs au sol dans le musée voient un monde suspendu, dans lequel les êtres humains semblent flotter comme en apesanteur. Les visiteurs qui sont sur les toiles regardent de haut le monde des Hommes. L’artiste souhaite ainsi dénoncé la surpopulation terrestre et présenter, telle l’arche de Noé, un nouveau monde imaginaire en orbite.

Les visiteurs qui sont en hauteur sont en équilibre instable puisque la toile est flexible. De plus, comme il s’agit d’un filet ils ressentent la sensation de vide.

Ils se déplacent donc dans un monde onirique qui perturbe leur sens.

Certains s’agrippent, s’assoient, se couchent, s’accrochent à la structure tel le vaisseau de la dernière chance.

Le contact du visiteur avec l’oeuvre va des pieds à l’ensemble du corps. Il s’agit d’une immersion totale.

L’artiste nous a ainsi invité à rentrer dans un univers futuriste, déconnecté du sol.

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Tomas Saraceno, In orbit, in Düsseldorf (Allemagne), Mai 2013

 

 

Tout au long de notre voyage au travers du toucher, nous avons pu voir diverses formes et façons de solliciter ce sens, mobilisation qui normalement est interdite aux musées.

Grâce au toucher, l’Homme fait corps avec les différentes réalisations, lui permettant ainsi d’accéder à une grande proximité avec l’oeuvre. Le spectateur n’apparaît plus comme un observateur passif, il fait parti de l’oeuvre et c’est cette relation de proximité qui entraine le visiteur dans un voyage immersif en total interaction avec elle. L’expérience vécue est unique et individuelle: chacun vit une relation singulière avec l’oeuvre.

 

 

Matières sensibles:

Scenocosme, GREGORY LASSERRE ET ANAIS MET DEN ANCXT, « Matières sensibles », http://www.scenocosme.com/matiere.htm, 11/11/18

LASERRE Gregory et MET DEN ANCXT Anaïs, « Matières sensibles », in Scenocosme, http://www.scenocosme.com/PDF/matieres_sensibles.pdf

Très toucher:

Apex association, APEX ASSOCIATION, « Très toucher »,http://www.apex-expo.be/photos/, 11/11/18

« Très toucher JT13H Fr2 » , 6 octobre 2011, 2min 04,

The steel wire construction:

 My Modern Met, an elite cafemedia lifestyle publisher, ALICE «  Feel like a spider in This Net Steel Wire Web », 20/06/13, https://mymodernmet.com/tomas-saraceno-in-orbit-k21-standehaus/, 11/11/18

« Tomas Saraceno -in orbit »[ Youtube ], 17 décembre 2014, 3min 31, 

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