De l’autre coté du miroir

Dès ses premiers travaux, Dan Graham a mis le spectateur au centre de l’oeuvre. Avec la performance et la vidéo, il explore les relations entre des corps, manipulant souvent l’expérience temporelle d’espace subjective.

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Dan Graham/

Dan Graham est une figure mythique. L’une des rares de l’art contemporain des années 60 et 70 à toujours être en activité. Né le 31 mars 1942 à Urbana dans l’Illinois en 1942 (États-Unis), il a influencé l’art contemporain, à la fois comme créateur d’art conceptuel, critique d’art et théoricien. Sa production artistique pourrait être divisée en deux périodes bien distinctes; Les dix premières années, de 1965 à 1975, sont constituées d’œuvres conceptuelles, de films, d’essais, de performances, d’installations vidéo et d’espaces-miroirs. La seconde période a vu son travail se concentrer autour de modèles architecturaux et de pavillons résidentiels.

Ces jeux du regard et de l’image sont au centre du travail de Dan Graham. En s’emparant des matériaux (ou autres supports, médiums) et des formes de l’architecture moderne et des volumes simplifiés de l’art minimal, les oeuvres jouent entre espace public et espace intime faisant apparaître, dans la multiplicité des images, des manières de voir et de se voir.

Miroir (1975) est une performance dans laquelle Dan Graham relate ses mouvements, les apparences de ses visionneurs et sa propre apparition dans un miroir. Dans ses oeuvres Graham invoque explicitement les théories du langage du corps.

►Performer/Audience/Mirror


Cinema 81

Ces obeservations lui ont permis d’imaginer Cinéma 81. Cette proposition, qui n’existe que sous la forme d’une maquette architecturale, repose essentiellement sur les propriétés de semi-transparence et de semi-réfléchissement d’un écran-miroir, venu remplacer l’écran de cinéma opaque traditionnel.

graham-cinema-1982_1Dan Graham / Cinéma 81

Il s’agit d’une salle de cinéma avec différents jeux de miroirs. L’ensemble de ses miroirs forment un triangle. Lorsque les spectateurs visionnent le film les passants, qui sont à l’extérieur, peuvent voir le film projeté sur l’écran dans une salle plongée dans le noir, mais l’image est inversée. Ils ont ainsi la chance de voir les spectateurs regarder le film sans qu’ils puissent être vus. Le but n’étant pas de visionner le film, mais d’observer


Two Adjacent Pavilions

Entre sculpture et architecture, les pavillons s’inscrivent dans l’espace public, réalisant ainsi l’utopie chère à Dan Graham d’un retour de l’art dans la vie. Les pavillons forment un petit espace entouré de verre transparent. Lorsqu’on rentre, on peut se sentir dans quelque chose, mais en même temps, le paysage nous entoure comme si on était en dehors.

L’œuvre Two Adjacent Pavilions (1978, 2001) représente deux petits volumes a l’aspect très spécial dû au type de verre-miroir reflétant le paysage. Cependant, une fois à l’intérieur la situation est très différente, le verre complètement transparent permet de voir le paysage et nous savons que personne ne peut nous regarder du dehors.

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Dan Graham / Two Adjacent Pavilions

Il consiste en deux espaces carrés identiques en verre réflechissant en dehors et transparent à l’intérieur, de taille 2,51m x 1,86m x 1,86m chacun. Dan Graham nous invite ainsi à ce questionner sur la différence entre dehors et dedans, la notion d’intérieur et extérieur, d’intimité: pouvoir se regarder en étant regardé.

Le spectateur des pavillons de Dan Graham ne saurait éviter les apparitions, disparitions et réapparitions incessantes de sa propre image. Les pavillons créent une expérience unique pour le visionneur. Créés pour l’expérience publique, ils combinent l’architecture et l’art.


Conclusion

Graham fait la même chose que font les architectes : délimiter un espace, contrôler le regard, le temps et le mouvement de la personne que va les utiliser. Avec les pavillons mis en place dans les espaces publics des villes, Graham change la manière de parcourir, de regarder et d’établir une relation avec les autres dans ces espaces. Le reflet du verre des pavillons permet de multipler les différents points de vue du même paysage.

« Je suis intéressé par l’intersubjectivité, en explorant comment une personne, à un moment précis se perçoit lui/elle-même, en même temps qu’il/elle perçoit d’autres personnes qui, par ailleurs, le/la regardent. Quand j’avais quatorze ans, j’ai lu le livre de Jean-Paul Sartre L’être et le Néant et j’ai compris comment, quand nous sommes jeunes, nous développons la notion d’Ego au moment où nous sentons que quelqu’un nous regarde »

Les pavillons sont un monde virtuel en constant changement. La personne qui agit avec eux est acteur et spectateur en même temps.

Solenn LE BIHAN, ES2


Sources:

Performer/Audience/Mirror – newmedia-art.org

Esthétique de la relation (2) Dan Graham – arpla.fr

Dan Graham – Wikipedia.org

Numéro — Les fascinants pavillons de verre de Dan Graham  – Mamo.fr

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